Une communauté de religions traditionnelles

La communauté des religions traditionnelles du Bénin a célébré ce 10 janvier 2015 la fête du Vodoun. Pour les départements de l’Ouémé et du Plateau, c’est la commune de Kétou qui a été choisie par le conseil départemental des dignitaires du culte vodoun pour abriter les manifestations. Instituée en 1994 par le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO, la fête du Vodoun est commémorée chaque 10 janvier sur l’ensemble du territoire national. En effet, la date du 10 janvier est fériée et payée sur tout le territoire national, ce qui permet aux adeptes, aux chercheurs et aux touristes venus de divers horizons de vivre la quintessence de l’événement.

M. Simplice DOSSOU CODJO, ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes, a placé l’édition 2015 sous le signe de la tolérance, de la sagesse et de la fraternité inter-religieuse.

Loin des aspects festifs de l’événement, la principale vocation du Vodoun est de protéger ses adeptes contre les forces du mal et d’assurer la sécurité de leurs biens contre les malfaiteurs. Selon Titilayö GBËNOUKPO, le président de la coordination départementale de l’Ouémé et du Plateau, chaque divinité du panthéon vodoun joue un rôle indispensable dans la vie de ses adeptes. En respectant strictement les prescriptions du Vodoun, l’adepte jouit des avantages comme la santé, la richesse, la célébrité et la longévité. Malheureusement, les rites et secrets ancestraux qui permettent d’entrer en relation avec un ensemble de dieux s’effacent petit à petit face aux religions exogènes introduites au Dahomey longtemps après le Vodoun.

Origine et arborescence du Vodoun

Aux alentours du XVème siècle, les guerres de successions, devenues très récurrentes dans le royaume d’Ilé-Ifè (Oyo), ont entraîné la migration d’une partie de ses habitants vers le territoire dahoméen (le Bénin). Ils ont amené avec eux leur culte, le Vodoun. A part le roi Andé de Kétou (Plateau) et Agagnon de Ké (Ouémé), les premiers immigrants venus au Dahomey entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle se seront rendu indispensables aux traditions dahoméennes grâce leurs diversités cultuelles très riches en savoirs endogènes. Sur leur liste, on peut citer la tradition d’Ifèssouvi (fils d’Ile-Ifè) fondateur des royaumes de Togbota et de Fanvi dans la vallée de l’Ouémé.

Ainsi au Bénin, on distingue trois catégories de Vodoun :

– Les Vodoun d’origine Yoruba
• Xêfiosso, dieu de tonnerre ou dieu de foudre, il assure la sécurité et protège la famille
• Odoudoua, dieu de prospérité, il ouvre les portes de la célébrité et de richesse aux familles
• Egoun-Egoun, dieu des revenants, il rattache l’amour des vivants à celui des défunts

– Les Vodoun d’origine Dahoméenne
• Dan, dieu de la prospérité, de la richesse et de la célébrité né à Abomey sous le roi Houégbèadja
• Sakpata, dieu de la terre et de la variole né à Tchabê aujourd’hui Savè
• Toxossou, reine des eaux, née à Wémè (la vallée de l’Ouémé, dieu du bonheur et de la paix)
• Sêgbolissa, dieu du caméléon à Adja dans le Mono
• Ogou, dieu de la forge né à Wémè (la vallée de l’Ouémé) etc.
• Le Mamiwata, déese de la mer, née à Ouidah
• L’arc-en-ciel (Dan), dieu des couleurs et de la célébrité né à Abomey

– Les Vodoun d’origine Ghanéenne
• Tron Kpétö, dieu de la santé et de la célébrité
• Ganbada, dieu de la force et de la rapidité
• Atingualé, dieu de la fraîcheur et de la paix

L’expansion du Vodoun dans le monde entier, surtout en Amérique du sud et dans les Caraïbes sous l’appellation “vaudou”, s’explique par l’esclavage et la déportation outre Atlantique de ses victimes depuis les côtes africaines. Ce trafic a malheureusement prospéré, en partie parce que la tradition Vodoun fait un grand usage de perles et que les bijoux sont précieux pour les divinités. L’étape de troc des hommes contre des métaux ou des objets précieux au Dahomey vient illustrer un peu plus la soif de prospérité et le désir d’enrichissement dans l’histoire de l’humanité, faisant fi des principes du Vodoun qui visent à faire du bien, lorsque celui-ci est vénéré dans la vérité et la sincérité.

D’après Yaoïtcha Löbaloké, adepte et chef des couvents du Dieu Xêfiosso des départements de l’Ouémé et du Plateau, l’appellation vodoun vient de l’addition des expressions “Vô” et “dou“. Or en langue Wémè le son “Vô” se prononce Vor et signifie le sacrifice ; et “dou” est l’ensemble des 256 signes de la géomancie dahoméenne communément appelés fâ. Pour les traditions dahoméennes, le fâ est l’envoyé de Didassêgbo qui signifie Dieu le tout puissant en langue française. Partant de là, tout Vôdou ou Vodoun est synonyme de paix.

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Fête du Vodoun 10 janvier 2015